Femmes ingénieures : on a notre place, on a largement notre place

Une voix posée et volontaire, c'est Bochra, cheffe de département Transport et Coeur Data du réseau Orange Tunisie. A tout juste 40 ans, elle manage une équipe de 12 personnes. Son travail contribue à mieux servir les clients tunisiens en data et internet.

Première ingénieure de sa famille

Bochra n’était pas prédestinée à une carrière technique. Un père magistrat, une mère dans le domaine de la santé, une sœur aînée médecin. « Mon père aurait voulu que je suive la même carrière ». Elle hésite entre le droit et l’architecture.

Finalement, ce sera une prépa maths-physique et une école d’ingénieur télécoms.

A cette époque, le domaine des réseaux est en pleine effervescence, l’évolution technologique constante. Bochra a du flair. Elle parie sur ce métier méconnu « C’était un challenge. Je suis la première ingénieure en télécoms dans ma famille. »

La technique, toujours la technique

A la sortie des études, Bochra est directement embauchée par le deuxième opérateur privé en Tunisie (Ooredoo).  Elle y travaille comme ingénieure de planification des faisceaux hertziens avant d’évoluer vers les réseaux TIC.  A cette époque, ce sont les débuts des débits beaucoup plus élevés. « J’ai  vite été promue cheffe d’équipe. » 

Au bout de cinq ans, Bochra est sollicitée pour intégrer l’équipe du lancement d’Orange Tunisie. Elle devient cheffe du service transmission. Le rythme est intense, tout est à construire. « Il n’y avait rien : ni outils, ni équipes, ni réseaux, rien. » Elle fait partie des premières à intégrer Orange Tunisie. « C’était une ambiance de folie ». Il faut tout déployer en six mois sur les plus grandes villes.

Au bout de sept ans, Bochra intègre un autre scope : le backbone IP. Elle continue à se challenger sur de nouvelles techno, un nouveau périmètre technique. Elle y reste trois ans avant de prendre son poste actuel de chef de département. « Le poste était vacant, j’ai postulé, j’ai été prise. »

Bien qu'ayant rapidement évolué vers du management, Bochra est toujours restée très pointue au niveau technique « c’est nécessaire pour pouvoir toujours challenger les gens et les solutions qu’on propose, et les études, et les évolutions et ainsi de suite ».

Allô j'écoute ?

Sa carrière, elle la doit à sa plus grande qualité : l’écoute. En effet, c’est grâce à cela que ses différents responsables perçoivent son potentiel managérial. « Je sais mener une équipe, je sais les orienter vers les bons résultats, je sais leur mettre en évidence les objectifs communs à atteindre, je sais mettre tout une équipe autour de la table et discuter tous ensemble, écouter leurs propositions. »

Bochra fonctionne naturellement ainsi, elle aime consulter chaque membre de son équipe, recueillir leurs avis. 

Bochra

Je me dis que toute ressource, tout collaborateur, même s'il a une année d'expérience, peut apporter un regard neuf ou une idée pertinente

Ce qui ne l’empêche pas (bien au contraire) d’avoir un leadership orienté résultats. « Il l’est. Et il est aussi orienté équipe ». L’important, pour cette manager, est que son équipe ait gagné un maximum au cours de chaque expérience, que ce soit en termes d’expertise technique, de relationnel etc…

Bochra

Je prends toujours la tension et l'ambiance de mon équipe ; si je sens que quelqu'un n'est pas bien, n'est pas dans son assiette, n'arrive pas à suivre, là je vais le voir. Et ma porte reste toujours ouverte.

Une approche qui implique de prendre du temps avec chaque membre de son équipe. « L’écoute, j’ai appris à la développer, donc je vais voir les gens pour leur poser plein de questions qui paraissent d’une façon générale assez innocente, mais la finalité c’est de savoir ce qui les tracasse réellement ; est-ce que c’est un problème personnel, est-ce que c’est un souci au travail, est-ce qu’il est trop chargé, est-ce qu’il subit trop de pression et ainsi de suite. Je vais développer au fil du temps. »

Un métier d'homme ?

Bochra a construit une belle carrière dans un métier longtemps considéré comme « un métier d’homme ».

Pour elle, réussir en tant que femme dans ce domaine donne une satisfaction personnelle. « Ça vaut la peine de le tenter, ça vaut la peine de le vivre, ne pas dire c’est trop compliqué, difficile, non c’est pas vrai ».

Elle a d’ailleurs aujourd’hui plus d’ingénieures femmes que d’hommes dans son équipe.

« On a notre place. On a largement notre place. »

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